Un beau ténébreux
Julien GracqUn beau ténébreux est un roman des astres et de la catastrophe, c’est-à-dire du destin sur fond de vacances et de dérive du temps ; vacuité des personnages en attente, dans un théâtre vide. L’arrivée d’Allan va déclencher un maelström où tous les personnages vont perdre la tête. Allan est venu sceller le destin. Tout dorénavant se déplacera par rapport à lui. - (Revue 303)
On ne sort pas indemne d’un livre de M. Julien Gracq. Ah ! non. La lecture de ces deux cent vingt pages vous éprouve, vous épuise, alors même que vous avez pris une sage façon de le lire : par étapes, par doses. Non seulement vous n’en sortez pas indemne, mais vous n’en sortez pas du tout. Il est difficile de prétendre qu’on a lu cet ouvrage. Voici la plus bouleversante sensation (et le plus grand plaisir, la plus sûre justification d’une lecture) qu’on puisse éprouver : non pas qu’on ait lu mais qu’on soit lu, et non pas qu’on lise un livre, mais qu’il vous lise. C’est ce que je n’ai cessé d’ éprouver à la lecture du Beau ténébreux, et je ne cèderais pas à l’avouer si je doutais que d’autres y puissent trouver un même sort. - Max-Pol Fouchet, Les lettres françaises, 7 avril 1945.